L’esprit start-up et les modèles agiles
Startup, Ubérisation, Design Thinking, Big Data, A/B Testing, UX design … Ces dernières années, une multitude de nouveaux mots ont fait leur apparition dans le panorama des entreprises.
Conformément à ce fait, et plus que simple vocabulaire, on parle réellement d’une nouvelle culture qui a émergé avec l’apparition d’Internet et les nouveaux business modèles qui en découlent. On parle depuis d’une culture digitale.
Prenons ce premier mot « start-up ». Si le terme a vu le jour aux États-Unis dans les années 20, il ne s’est réellement imposé qu’à partir des années 90 avec l’émergences des business liés au web. Dans « start-up » il y a cette notion de démarrage « start » et l’idée d’aller vers le haut vers une croissance forte « up ». Deux idées qui sont l’essence même de la startup. En France, le dictionnaire Larousse en donne la définition suivante : « Jeune entreprise innovante, dans le secteur des nouvelles technologies ».
La startup a imposé cette idée de culture d’entreprise innovante et agile à l’ère du digital. La startup est aussi caractérisée bien souvent par une jeunesse sachant manier les aspects marketing de leur business. Si bien que l’esprit startup est devenu un idéal à atteindre pour de nombreuses entreprises.
Jean-Paul Agon, président directeur général de L’Oréal, a ainsi confié lors d’une interview réalisée pour le Wall Street Journal : « L’Oréal est une entreprise originale […]. Nous voulons être un leader mais avec un esprit de challenger, une grande entreprise mais avec un esprit de start-up ».
Attention pourtant pour les entreprises de ne pas tomber dans le piège du discours d’intention. La culture digitale ne réside pas dans l’achat d’une table de ping-pong, l’autorisation des jeans le vendredi ou dans l’ajout de canapés dans les espaces de travail…
L’évolution de la culture digitale 2.0
En avril 2019, Olivier Bas publie le livre « #LikeTonJob à l’ère du digital ». Il raconte une anecdote qu’il a trop souvent entendu vis-à-vis de ce type d’entreprise qui se revendique comme culturellement innovante : « Une grande entreprise avait passée des annonces autour de ces compétences d’agilité, et vantant les mérites d’un management qui n’était plus hiérarchique. Un jeune candidat arrive pour faire son entretien d’embauche. Il rentre dans le parking et s’aperçoit qu’il y avait des places attribuées à chaque membre de l’équipe de direction avec leurs noms inscrits sur les places. Il a fait demi-tour et il est reparti. En effet, c’était le signe tangible que là c’était du discours et pas une réalité. » (Olivier Bas, #LikeTonJob à l’ère du digital, avril 2018).
En définitive, la startup reprend de nombreux codes recherchés par les entreprises aujourd’hui, qui constitue l’évolution de la société. D’une culture traditionnelle vers une culture digitale.
C’est dans cette volonté d’analyse que l’agence Angie a créé et illustré son propre comparatif de cette évolution des valeurs de l’entreprise :


En analysant ces évolutions, on voit bien la culture 2.0, qui a évolué avec l’évolution des usages.
Soft skills & nouvelles compétences
Dans la lignée de cette évolution de la culture digitale, et paradoxalement au besoin très technique de certaines exploitations de la data, on parle de plus en plus de l’importance des savoirs comportements « soft skills ».
R.Ray Wang, dans son livre “Disrupting Digital Business: Create an Authentic Experience in the Peer-to-Peer Economy” paru en 2015, explique qu’il faut investir dans des profils d’ARTISANS digitaux : « Authentic, Relevant, Transparent, Intelligent, Speedy, Artistic, Non conformist ».
Cet ensemble de valeurs et de caractéristiques comportementales sont autant de savoir comportementaux que les individus doivent acquérir à l’ère du digital. C’est pourquoi ils doivent les acquérir vite.
Dans « Le Guide de la Transformation Digitale », co-écrit par Emmanuel Vivier et Vincent Ducrey, ces derniers dressent une liste des soft skills caractéristiques que les entreprises recherchent à l’ère du digital. Ils sont pour cela partis du travail de R. Ray Wan sur les ARTISANS digitaux, et l’on nourrit de leurs nombreuses expériences dans la transformation numérique. En conclusion, voici la liste qu’Emmanuel Vivier et Vincent Ducrey tiennent :


La culture digitale, un argument de recrutement
De plus en plus d’entreprises revendiquent leur culture interne pour en faire un argument de recrutement. A l’image de Netflix qui a été une des premières entreprises à communiquer publiquement les détails de sa culture interne. En effet, le membre des NATU (Netflix ; Airbnb ; Tesla ; Uber) se dévoile avec transparence sur sa façon de recruter, de travailler, et même de licencier.
L’objectif est clair : s’assurer de l’alignement de ses collaborateurs autour d’une même vision et de principes communs. De ce fait, côté recrutement, tout le monde y trouve son compte. Le recruteur s’assure de sourcer des profils qui peuvent correspondre. Et le candidat ne perd pas son temps sur une candidature qui serait refusé. Le document publié par les équipes Netflix sur Slideshare a été consulté plus de 18 millions de fois. D’autre part, il a été décrit par Sheryl Sandberg (COO de Facebook) comme « le document le plus important produit par la Silicon Valley ».
Les 9 lois du Culture Code de Netflix sont les suivantes : Capacité de jugement ; Communication ; Impact ; Curiosité ; Innovation ; Courage ; Passion ; Honnêteté ; Dévouement (Version complète en annexe).
De la même manière, l’ancienne start-up française BlaBlaCar a publié 10 valeurs « BlaBlaPrincipes » à propos de sa culture interne, avant de les réduire au nombre de 6 il y a quelques années. En effet, cet ajustement est la preuve que la culture n’est jamais figée. Ainsi, la culture a toujours besoin d’être réinventé au fil de l’évolution de la société.
Une révolution culturelle
François Guillot est directeur associé de l’agence de conseil spécialisée dans les médias sociaux et l’accompagnement du changement digital Angie, évoquée plus haut. Dans une interview consacrée au blog EVE PROGRAMME (un programme international, conçu par Danone et en partenariat avec L’Oréal, Orange, le groupe Caisse des Dépôts, SNCF, Crédit Agricole et KPMG), François Guillot évoque la révolution culturelle que représente la transformation digitale.
« Je parle de révolution culturelle car on est bien dans des enjeux de culture. Et pas d’outils, comme on serait parfois tenté de le penser. », précise-t-il en début d’interview.
Il illustre cela, en reprenant l’exemple bien connu de l’échec qu’ont rencontré bon nombre de grandes entreprises : celui du réseau social d’entreprise. En théorie, les dirigeants imaginent que les salariés s’expriment sur LinkedIn, sur Facebook… Et qu’ils partagent leurs informations et idées sur ces réseaux en confrontant leur point de vue. L’idylle est de penser qu’en créant un réseau social interne, ils feront la même chose. Cependant, ce n’est en réalité pas l’outil réseau social qui est en jeu, c’est la culture qui imprègne ses usages.
Néanmoins, François Guillot ajoute au sujet de la culture digitale : « il ne faut pas voir la culture digitale comme une culture concurrente voire destructrice de la culture classique. Et encore moins comme un nouveau dogme, il faut la voir comme une inspiration. ».
Pour en savoir plus sur l’écosystème digital : https://blog-mdce.fr/la-femme-dans-lecosysteme-digital/
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